Il y a des coups que l’on attire, « ils sont sur notre chemin » comme on attire le voleur qui sent sa proie, vulnérable et incapable de se défendre. Il y a les coups bas, ceux que l’on n’attend pas, ils sont pernicieux… Au moment le moins attendu, la vie fauche ceux qu’on aime ! Ce sont eux qui partent, mais c’est nous qui sommes assommés. Le coup n’est pas forcément fatal mais pourrait l’être… Tout va dépendre de nos ressources intérieures. Les coups… telle est la vie. Un ballottement incessant comme des vagues, qui nous bousculent, nous font prendre la tasse, surfer joyeusement sur la vague et qui parfois nous laissent sur le rivage, pour reprendre le souffle sur la plage.
Au départ nous pourrions nous comparer à une pierre, à l’état brut. Les coups, bien que personne n’en veuille, nous façonnent. A l’image des bâtisseurs nous sommes notre propre artisan, artisan de nos expériences, de nos croyances, de nos rêves.
Chaque coup peut briser un morceau de la pierre que nous sommes. La pierre casse au bon endroit et ces débris, qui tombent, sont une bénédiction. Ils sont comme une vieille branche qui abîmait notre édifice, empêchait notre vision. Une croyance qui mettait une ombre devant la fenêtre, et qui part enfin ! Ils nous délestent de l’inutile et du futile. Les coups façonnent notre être, notre pierre brute, la pierre que nous sommes. Ils peuvent être violents, ou léger comme des plumes, délicats. Il s’agit de fignoler notre œuvre, d’y apporter une touche par-ci par-là.
A la longue nous réalisons que les coups reçus nous ont dévoilé à nous-mêmes. Ils ont fait apparaître un être chaque jour renouvelé. Ils ont fait apparaître une force à l’intérieur. Une force qui brille et que rien ne peut détruire. Une force, tel un phare qui éclaire et donne espoir dans la tempête. Dans la nôtre et celle de l’autre. A chaque instant nous nous modelons nous-mêmes, comme un sculpteur.
Parfois les coups brisent la pierre en entier ! Il ne reste alors que des fragments éparpillés. On est à terre. Que faire ? Comment trouver la force pour aller chercher une étincelle de vie, au milieu de ces poussières ? Il arrive que les coups soient trop puissants, qu’ils soient inexorables... qu’il n’y ait plus de force pour nous faire rebondir.
Chaque année, nous savons tous que les coups viendront, plus ou moins forts. A la longue, plus nous sommes conscients de notre rôle d’artisan et créateur de nous-mêmes, plus ils deviennent indolores. Ils deviennent une interrogation, une réponse ! Que s’est-il passé pour que ce coup arrive ? Cette conscience donne du sens, cela devient une véritable aventure, presque une joie, nous devenons notre propre détective…. Avec la joie de découvrir et mettre en lumière l’énigme !
Et les questions affluent .. Mais quelle route ai-je ou vais-je choisir ? Quelle rencontre ferais-je à ce carrefour ? Quel désert ou quelle oasis ai-je créé en fonction de mes expériences passées ? Ces expériences passées qui ont mis en place des croyances, qui deviennent ainsi mes futures expériences ? Vais-je percevoir les coups comme une mise à terre, une opportunité de les esquiver ou une opportunité de me révéler à moi-même ? Vont-ils m’aider à comprendre ce qui les a mis sur ma route, à me comprendre, à me découvrir à moi-même ? A avoir de la compassion pour l’Être que je suis, en constante transformation. |